La disparition de David Bronstein
Le grand-maître russe David Bronstein s'est éteint à Minsk le 5 décembre 2006, à l'âge de 82 ans.
Avec lui c'est une grande figure du monde des échecs qui disparaît, et à coup sûr, l'une des plus
attachantes.
Il atteint le sommet de sa carrière en 1951 quand il disputa la finale du Championnat du Monde
face à Mikhail Botvinnik (le Kasparov ou le Kramnik de l'époque).
David ne terrassa pas Goliath à cette occasion... mais il ne fut pas battu : match nul 12 à 12.
Le réglement, prévoyant que le tenant du titre conservait son titre en cas d'égalité, Botvinnik resta
champion du monde et Bronstein, tout en continuant une carrière brillante, ne connut plus jamais
une pareille opportunité par la suite.
Autre date charnière de sa vie, l'année 1976, quand il refusa de condamner publiquement
Victor Korchnoi, lorsque celui-ci se réfugia aux Pays-Bas. Cette attitude courageuse lui valu d'être
écarté pendant longtemps des grandes épreuves internationales.
Si bien que, quand il fit sa réapparition dans les pays occidentaux à la faveur de la perestroïka,
beaucoup le croyaient déjà mort !
C'est qu'il était devenu depuis longtemps une légende, non seulement grâce à ses prouesses sur
l'échiquier, mais aussi grâce à la qualité de ses écrits.
Son oeuvre maîtresse, "L'art du combat aux échecs", où il relate, partie après partie, le déroulement
du tournoi interzonal de Zurich en 1953, est en effet unanimement considéré comme l'un des
monuments de la littérature échiquéenne.
Joueur brillant et imaginatif, il était un amoureux et propagandiste du beau jeu.
Sa philosophie échiquéenne, il l'avait - superbement - résumé dans cette phrase : " Vous n'êtes pas
toujours obligé de jouer le meilleur coup. Un coup doit être actif, entreprenant, correct et beau ! ."
J'ai extrait cette position d'une partie qu'il avait disputée contre le grand-maître arménien
Lputian au tournoi d' Ubeda, en 1996.
Saurez-vous retrouver le coup "actif, entreprenant, correct et beau" que joua David Bronstein
avec les blancs pour remporter cette partie ?
Enfin, signalons, parmi les nombreux hommages rendus à David Bronstein sur la Toile,
l'article émouvant de Christophe Bouton : "Adieu l'ami, je t'aimais tant !". , publié le 7 décembre 2006.